lundi 30 août 2010

Où sont les contre-pouvoirs ?

Dans son récent billet[1], le blogueur Wolali Ahlijah malmène les démocrates togolais. "Hébétés, ils se réfugient derrière les communiqués et les dénonciations qui glissent comme de l’eau sur le dos d’un canard devant un pouvoir qui se croit omnipotent". Ce passage me met hors de mes gonds (non contre l'auteur) et me fait poser cette question abrupte : Où sont les contre-pouvoirs au Togo ?

Enfin, regardez autour de vous et dites-moi quelle institution ou organisation togolaise peut contrebalancer les dérives dictatoriales de l'exécutif togolais. Le pouvoir dispose d'une majorité confortable au Parlement pour faire passer la plupart des textes législatifs, d'une justice aux ordres qui est même incapable de soulever l'inconstitutionnalité d'une simple lettre d'un Ministre interdisant les marches les jours ouvrables et de dire toujours le droit, d'une Haute autorité de l'audiovisuel et de la communication qui travaille en sens unique et se prend parfois pour le gendarme des médias... Bref, toutes les institutions républicaines ont failli. Ce qui n'est pas surprenant dans un pays comme le nôtre qui cherche désespérément la rampe d'amorce démocratique.

Venons-en maintenant aux autres contre-pouvoirs. Je commencerai volontiers par les médias. Le niveau est relativement bas, en cause plusieurs facteurs. Le divertissement prend le pas sur la formation de l'opinion publique. Comme j'étais abasourdi, il y a quelques temps, en regardant un programme interactif. L'animatrice annonce le sujet du jour : Une jeune femme qui aurait fait une infidélité à son mari, en voyage. Que faire alors qu'elle est enceinte de cette relation coupable ? J'ai aussitôt éteint mon poste téléviseur.

Revenons à nos moutons, la presse écrite fait des efforts. Les plus méritants sont récompensés par la notoriété de leurs titres mais restent que les ventes suivent. Or puisque ces efforts ne sont pas toujours payants en termes financiers, bonjour les dérives "titrologiques" et les articles calomnieux. Oui pour une presse de combat dont les investigations mettent à nu les dérives du système en place. Mais non à la désinformation !

Poursuivons ce parcours par les organisations de défense des droits humains. Ma foi, elles ont totalement déçu les attentes. Si une certaine Commission nationale des droits de l'homme (CNDH) et la Ligue togolaise des droits de l'homme (LTDH) se sont illustrées positivement dans les années 1990, aujourd'hui elles ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes. J'ai envie de dire qu'elles sont inefficaces [2]. Les communiqués dénonciatrices ne feront rien si elles ne prennent pas leur courage à deux mains pour investir l'arène publique.

Qu'est devenu le Barreau de Lomé ? Les syndicats, les organisations confessionnelles ? Enfin, comme le dit mon ami Juste, une société civile forte est le catalyseur de toute construction démocratique. En l'espèce, la société civile est introuvable d'où la nécessité de décréter l'an zéro des contre-pouvoirs au Togo.

[1] Billet consultable uniquement sur Facebook.
[2] Y compris, le Collectif des Associations en lutte Contre l'Impunité (CACIT) dont la seule évocation m'exaspère.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire