jeudi 26 août 2010

Les tribulations d'Agbedivlo

Il m'arrive de penser que mes jugements sur le Togo sont exagérés. Que je compare trop mon pays à d'autres, que je rêvasse... quand subitement une actualité vient me raisonner que je ne suis pas trop loin de la réalité. A ceux qui pensent la même chose, je vous invite à décrypter avec moi l'affaire Agbedivlo Komi (alias Didier Ledoux).

Ce photojournaliste a été pris à partie par un officier français, qui menaçait de le mettre en taule parce qu'il lui aurait volé une photo. Bizarre, ah ce que je sache, on n'a pas besoin de demander une autorisation pour prendre des vues lorsqu'on couvre un événement. Si ceci devrait l'être, alors techniquement le travail de couverture médiatique serait impossible.

Si vous n'avez pas encore visionné la vidéo de cette scène surréaliste, alors je vous invite à le faire maintenant ici. Minutieusement, je vous prie. Qu'avez-vous vu ? Un militaire français menaçant un journaliste. Mieux, des policiers togolais brutalisant le pauvre. Et ce versant de l'affaire, on n'en parle guère. Le fameux Ministère de la Défense semble l'ignorer dans son communiqué. Et ceci n'a même pas suscité l'émoi du Ministre de la Communication. Ce qui est normal, c'est bien fait pour le zigoteau, catalogué "proche de l'opposition".

On croyait cette affaire dernière nous. Enfin, c'était mon sentiment quand j'ai rencontré M. Agbedivlo, il y a quelques jours. Qu'il soit à nouveau brutalisé hier dans l'exercice de sa profession doit alerter toute conscience humaine.

L'oppression se nourrit aussi de l'impunité. De mon point de vue, si les policiers, qui avaient brutalisé une première fois Didier Ledoux, avaient été identifiés, traduits en justice ou ne serait-ce que devant un petit Conseil de discipline, on aurait évité la récidive. Autrement, les tribulations d'Agbedivlo se poursuivront. Et d'autres Agbedivlo passeront à la casserole. A Dieu ne plaise !

1 commentaire:

  1. Peut-être bien qu'après Didier Ledoux ce sera d'autres. D'ailleurs, on le sent dans l'air quand des gendarmes ne ménagent aucun effort pour lancer des grenades lacrymogènes sur des journalistes. Les instructions de Létondot, les gendarmes togolais l'ont bien compris et réclament désormais aux journalistes de leur montrer une autorisation avant de couvrir leur répression. Ils vont même jusqu'à demander aux professionnels de la communication de prendre une autorisation du juge pour prendre le cliché du palais de justice. Depuis quand ces genres d'autorisation sont délivrées aux professionnels de la communication? Pauvres de nous! La presse togolaise aura tout vu avec ce enseignement qui, par la force des évènements, est devenu, ministre de la communication. Quand cesserons-nous de donner le mauvais exemple? ça fait vraiment honte!

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