mercredi 14 avril 2010

L'arbitraire et notre principe de précaution

Je me rappelle comme si c'était hier du procès des trois journalistes, Dzimas Dzikodo, Colombo Kpakpabia et Filip Evegnon, arrêtés, torturés puis jetés en prison sous Eyadéma. C'était en juin 2003. Sans vergogne, le procureur soutenait mordicus que les prévenus étaient coupables de "tentative de diffusion de fausses nouvelles".

La loi, et en l'espèce le Code de la Presse, punit la diffusion de fausses nouvelles mais la tentative n'est qu'un délit imaginaire. Difficile à prouver. Le prétoire a explosé de rires quand dans l'une des ses pirouettes intellectuelles, Gbandjagba Dabré (le procureur) arguait que le fait d'être trouvé en possession de photos dans un cybercafé préfigure la commission du délit.

Sept ans après, nous en sommes toujours là. La veille du scrutin du 4 mars, des militants de l'opposition ont été arrêtés alors qu'ils se rendaient à l'intérieur. Motif : ils pourraient appeler à la révolte et créer des troubles à l'ordre public, à destination.

Dans les jours qui ont suivi, beaucoup d'arrestations ont été opérées sur cette base et suivant le fameux principe de précaution. Il en est de même pour le démantèlement de l'unité informatique de l'UFC, de l'infiltration de sa veillée du 24 mars par des gendarmes en tenue civile, de l'interpellation d'environ 70 militants et du saccage du siège hier.

Doit-on rappeler que l'arrestation de Kpatcha Gnassingbé et de ses coaccusés obéissaient au même principe (a priori). A cette allure, aucun citoyen (à l'exception des gouvernants) n'est à l'abri d'une arrestation. Au demeurant arbitraire.

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