lundi 22 mars 2010

Oui il y a eu des irrégularités, mais il faut se relancer

Un ami m'a demandé hier, si la contestation de l'opposition allait porter du fruit. Entendu que je ne lance pas des cauris, ma réponse a été : je ne sais pas. Néanmoins, je n'ignore pas que de telles contestations ont permis de renverser plusieurs régimes dictatoriaux ou illégitimes. L'exemple le plus proche (en terme spatiotemporel) est bien celui du Niger où des manifestations pacifiques ont eu raison du régime tandjanesque, ou du moins, ont décidé l'armée à intervenir.

Le Niger n'est pas le Togo, me diriez-vous. Et les circonstances qui ont conduit au coup d'Etat ne sont pas les mêmes. Alors que là, un individu a violé la constitution pour se maintenir ; ici, il y a eu une élection qui a vu la reconduction de Faure Gnassingbé, à 60,88%.

Election oui, mais entachée par de nombreuses et graves irrégularités relevées par les missions d'observation sérieuses (Union européenne et Cédéao). Dans ces conditions, les résultats issus d'une pareille consultation doivent-ils être validés ? Je répondrai par oui et par non.

Oui, parce que nous sommes dans un processus d'apprentissage démocratique. Il faut valoriser les petites victoires, quelles qu'elles soient, dans l'espoir qu'elles rapprochent davantage du but. Je crois que c'est l'option choisie par la France et la Commission européenne, qui n'ont pas manqué de rappeler dans leurs messages de félicitations au "président élu" qu'il reste beaucoup à faire.

"L'apaisement des expressions du débat politique au Togo doit être salué, mais il ne saurait masquer l'ampleur des efforts qui restent à accomplir en faveur d'une normalisation de la vie politique et d'un enracinement de la démocratie dans toutes ses dimensions"

In extenso, le message de Sarkozy qu'on n'a plus besoin de commenter.

En revanche, et c'est là, mon antithèse, l'élection du 4 mars n'ayant pas été équitable et n'offrant pas à tous les acteurs les garanties de transparence, on ne devrait pas s'en accommoder au risque d'envoyer un mauvais signal dans tous les sens.

Les bastions dictatoriaux africains auront beau jeu de s'en servir comme argutie pour refréner les mouvements démocratiques. Petit à petit, ça va aller ! Et petit à petit, le peuple sombre dans la lassitude. (Dans un prochain article, je montrerai comment cette philosophie est déterminante dans certains revirements politiques).

Ma synthèse enfin, l'opposition a parfaitement raison de contester les résultats de la présidentielle. Si elle ne le fait pas, elle renonce implicitement aux valeurs qu'elle promeut. Il ne restera qu'à attendre le terrible jugement dernier, politiquement parlant !

Mais il ne faudrait pas se limiter aux manifestations. Cette période post-électorale est propice à la remobilisation des troupes à l'intérieur comme à l'extérieur, allez à la rencontre des populations avec un message clair et efficace, affûtez vos armes pour les combats à venir. Bref, il faut se relancer dans la perspective des législatives de 2012.

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