vendredi 2 septembre 2011

Foutez-nous la paix et laissez-nous en paix

Pour avoir été moi-même journaliste au pays et pour avoir jusqu'à aujourd'hui copiner avec nombre d'ex-confrères, je sais que la corporation est minée par de nombreux maux dont le déficit de formation qui se paie cash par un manque de professionnalisme. Il y a aussi cette absence de convention collective de travail qui favorise une précarisation de l'emploi. Les maux sont nombreux mais même dans ce contexte les journalistes togolais s'acquittent vaille que vaille de leur devoir d'informer.

A l'ouverture du procès pour "atteinte à la sûreté de l'Etat" dont le cerveau présumé est le demi-frère du Président, l'accréditation des journalistes de la presse privée était subordonnée à la signature d'un document qui les engage à ne pas capter des images animés ou non et des sons dans la salle d'audience. Fait curieux, les journalistes des médias publics n'étaient pas soumis à cette astreinte.

De sources dignes de foi, les journalistes ont le premier jour du procès été l'objet de moult tracasseries. Fouille, confiscation de leurs matériels de travail et de leurs téléphones portables. L'un d'entre eux a même été interpellé et fouillé à nouveau, soupçonné de tweeter dans la salle d'audience. A quoi riment ces entraves au libre exercice du métier ? On nous explique que "l’article 8 du Code de l’organisation judiciaire (...) interdit de filmer les prévenus au moyen des caméras ou d’appareils photos dans les salles d’audiences." Pourquoi certains pourraient prendre des images et d'autres non ? En quoi le fait de tweeter les minutes du procès serait une violation du droit à l'image. Des questions pour lesquelles je ne demande pas de réponses.

Vers la fin de son règne, le dictateur Lansana Conté  malade avait tenu un meeting au Palais Sékhoutouréya. A l'endroit de ceux qui l’annonçaient pour mort, il a déclaré : "foutez-moi la paix et laissez-moi en paix". C'est la même chose que je veux dire ce matin à tous ceux qui posent des entraves au libre exercice du métier de journalisme au Togo.



Lire aussi : Retour sur les temps forts du procès Kpatcha de ce 1e septembre 2011, Noël Tadegnon.

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